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au numéro de septembre du bulletin du CCFD (comité catholique
contre la faim et pour le Développement) :
AXES
DE COMPREHENSION
L'AFGHANISTAN
UN
DOMINICAIN A KABOUL:
"J'AI
CONNU ET AIMÉ L'ISLAM AFGHAN D'AUTREFOIS"
Religieux
dominicain, ce sont mes études sur un maître spirituel
ayant vécu dans la ville de Férat au XIe siècle,
Abdullâh Ansârî, qui m'ont conduit à Kaboul.
J'y suis resté trois mois avec une mission du CNRS en 1955-56.
J'y suis revenu en 1962, invité par le gouvernement afghan,
pour un séminaire. " Pourquoi ne restez-vous pas chez
nous ? Nous savons que vous êtes religieux chrétien,
mais nous avons confiance en vous ", m'a-t-on dit. Et j'ai
signé un contrat avec la Faculté des lettres, pour
y enseigner. l'histoire de la mystique musulmane !
Par la suite, 20 ans durant, j'ai surtout travaillé dans
un lycée, dont tous les élèves, à part
quelques hindous, étaient musulmans. J'ai aussi accueilli
chez moi des enfants éclopés ou malheureux, sans que
personne ne s'en offusque, bien au contraire. Plusieurs fois ne
m'a-t-on pas dit : " C'est toi le vrai musulman ! Nos mollah
ne recueillent pas de pauvres gosses. "?
À
part les quelques étrangers, libres de pratiquer leur culte
dans la chapelle de l'ambassade d'Italie, il n'y a pas que des chrétiens
en Afghanistan. Les musulmans que j'y ai connus, dans les milieux
officiels, chez moi, comme au lycée, étaient de confessions
diverses : une majorité d'entre eux étaient sunnites,
mais il y avait également une importante minorité
chi'ite et même des ismaïliens, assez mal vus des uns
et des autres. Il y avait entre eux quelques tiraillements, dus
tant aux différences ethniques qu'aux appartenances religieuses.
Dans ma maison, où nous étions une bonne vingtaine,
ces oppositions étaient surmontées, au point de former
une vraie famille, où chacun respectait la liberté
de l'autre.
Dans l'islam que j'ai connu là-bas, à part de rares
exceptions, je n'ai jamais trouvé de fanatisme. Celui des
tâlibân vient de la formation reçue au Pakistan,
où sévit l'école théologique de Déoband,
connue pour son littéralisme et son étroitesse d'esprit.
Avant la conquête par les Pachtouns et la formation de l'Afghanistan
dans ses actuelles frontières actuelles, le pays n'était
qu'une partie de la grande province du Khorâsân qui,
sous différentes dynasties, se caractérisa des siècles
durant par sa culture. J'ai parlé d'Ansâri, au XXe
siècle. Mais il me faut citer aussi les grands poètes
que furent Firdawsî, Sanâ'î, Djâlâluddîn
Rûmî (né à Ballkh avant d'émigrer
vers l'actuelle Turquie), Djâmî, etc. et l'admirable
miniaturiste du XVe siècle, Behzâd. Cette longue tradition
à la fois culturelle et spirituelle ne pouvait que marquer
l'islam afghan tel que je l'ai connu.
Les vingt dernières années, avec les communistes,
puis les combats fratricides entre résistants, et enfin les
tâlibân, ont malheureusement été néfastes
à la recherche de Dieu dans un esprit de tolérance
et d'amour. Mais ce n'est là, souhaitons-le, qu'une crise
passagère et nous retrouverons, si Dieu le veut, l'islam
afghan d'autrefois, le vrai, celui que j'ai connu et aimé.
Serge de Beaurecueil, op, a publié
"Un chrétien en Afghanistan" (Cerf, 1984) et "Mes
enfants de Kaboul" (Cerf, 1992).
Citation
reprise du site d'informations religieuses Christicity
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Sélection
de liens sur l'Afghanistan
L'un
des Bouddha géants de Bamyan avant la destruction par les talibans
- Quelques
sites sur l'islam, présentant des approches différentes
et parfois discordantes et même irritantes. Il est important d'avoir
plusieurs sons de cloche ("Kloh-Bras") pour se faire sa propre
analyse :
- Le
Coran
en ligne (consultation par sourates), site de l'Association des
Étudiants
Musulmans de l'Oregon State University.
- "Comprendre
l'Islam et les musulmans".
- "L'oasis
de l'Islam" : un bon site sur la pensée et le monde
musulmans.
- Un
site très documenté sur l'histoire
des religions qui offre une page
remarquable d'Islamologie, avec de nombreux liens.
- "Geo-Islam.org",
portail d'information sur l'Islam : un aspect géopolitique
peu connu de l'Islam, de l'Islamisme et et des pays musulmans (approche
critie de l'Islam).
- "Existe-t-il
un islam modéré ?", long article, polémique
mais documenté, du professeur Alexandre Del Valle (extrait
de son livre Islamisme et Etats-Unis, Une alliance contre
l'Europe, Lausanne, L'Age d'Homme, 1999 [1re éd. 1997].).
- Un site
sur le Bouddhisme,
religion qui précéda l'Islam en Afghanistan.
- Un site
personnel présentant un carnet
de voyage avec photos en Afghanistan avant les Taliban (1978).
LE
PAKISTAN : « CIMETIERE DES CHRETIENS
» ?
Paris,
le 1er novembre 2001, Laurent Larcher [DECRYPTAGE, analyse]
Ce
dimanche 28 octobre, six personnes armées de kalachnikov
sont entrées dans l'église Saint-Dominique de Bahawalpur,
et ont tiré sur les fidèles au cri de « Le
Pakistan et l'Afghanistan seront le cimetière des chrétiens
». Bilan : 18 morts et des dizaines de blessés de
confession protestante. Les deux communautés chrétiennes
du lieu, catholique et protestante, utilisent tour à tour
l'église Saint Dominique. Normalement, l'office célébré
à l'heure de l'attentat aurait dû être catholique.
un changement d'horaire déterminé quelques jours
auparavant en a décidé autrement.
Cet
attentat malheureusement ne surprend personne. Depuis le début
des bombardements américains, la situation des trois millions
de chrétiens du Pakistan (deux pour cent de la population,
catholiques en majorité), s'est considérablement
fragilisée. Vexations, menaces, humiliations et abus se
sont multipliés. dans un pays créé d'abord
pour accueillir les musulmans d'Asie du Sud. L'église Saint
Dominique avait d'ailleurs reçu des menaces précises
du JUI (Jamiat Ulema-e-Islami), le principal soutien des taliban
afghans. Dans ce climat d'insécurité, les communautés
chrétiennes avaient obtenu du gouvernement d'Islamabad
une protection policière. qui s'est révélée
insuffisante le 28 octobre (un seul policier en faction devant
l'église, tué au cours de la fusillade).
Avant
le 11 septembre, les chrétiens pakistanais souffraient
déjà d'un véritable apartheid religieux.
Issus pour la plupart de familles hindoues de basses castes, converties
du temps de l'Empire Britannique, les chrétiens ont particulièrement
souffert ces dernières années de l'islamisation
du pays. Perçus et bien souvent traités comme des
citoyens de seconde zone, la plupart d'entre eux occupe des emplois
subalternes et vit surtout dans les katchi abbadi (bidonvilles).
Ils n'appartiennent pas au même collège électoral
que les musulmans, et ne peuvent élire que quatre députés,
tandis que les pakistanais musulmans en élisent deux cent
dix sept. Autre signe de discrimination, la parole d'un musulman
vaut celle de deux baptisés dans les procès. ce
qui n'est pas sans danger dans un pays où toute personne
qui insulte le Coran ou le prophète peut-être condamnée
à mort. Une cinquantaine de chrétiens sont aujourd'hui
en prison, accusés à tort de blasphème. Mgr
John Joseph s'est suicidé en mai 1998 pour protester contre
cette loi inique. En 1997, des émeutes anti-chrétiennes
avaient déjà fait deux morts.
Cela
dit, depuis les événements du 11 septembre et les
bombardements américains sur l'Afghanistan qui ont suivi,
c'est la première fois qu'un massacre sanglant de ce type
est commis contre la communauté chrétienne. Le jour
même, le pape Jean-Paul II a exprimé « sa condamnation
absolue de ce nouvel acte tragique d'intolérance ».
D'ailleurs depuis le 25 octobre, le président du Conseil
pontifical "Cor Unum", Mgr Paul Josef Cordes, était
au Pakistan à la demande du pape Jean-Paul II afin d'étudier
« les possibilités concrètes qui s'ouvrent
à l'Eglise du Pakistan d'assister nos frères et
sours dans le besoin. » Dans ce message adressé aux
évêques du Pakistan, le pape leur faisait savoir
qu'il «implore le Père de toutes les miséricordes
de vous protéger, ainsi que vos communautés, et
de vous inspirer des sentiments de sagesse et de courage tandis
que vous affrontez les défis de cette heure d'épreuve.
»
L'inquiétude
de Jean Paul II était malheureusement fondée. La
tuerie du dimanche 28 octobre en a donné une dramatique
illustration. Il y a fort à parier que ce massacre ne sera
pas le dernier. La solidarité religieuse des musulmans
pakistanais avec les taliban d'Afghanistan s'amplifie en effet
de jour en jour. L'intensification des bombardements, la décision
de continuer ces opérations pendant le Ramadan, les images
des victimes civiles diffusées avec complaisances par Al-Jazira,
et enfin le dernier appel d'Oussama ben Laden à la Jihad
anti-croisés en direction des Pakistanais... attisent les
haines et renforcent incontestablement l'opposition présidentielle.
Ce jeudi 1er novembre, mille guerriers pakistanais ont franchi
la frontière afghane pour rejoindre les troupes taliban.
Cette
situation n'est pas sans rappeler un précédent :
le Cambodge de 1970 à 1975. Il est possible que la stratégie
américaine de bombardements massifs (les B 52 ne sont pas
des tireurs d'élite) produise les mêmes effets sur
la population locale qu'au Cambodge. Bien que ces bombardements
ne soient évidemment pas de la même ampleur, la charge
symbolique et émotive des B 52 ne doit pas cependant être
sous-estimée, dans un conflit où l'image est une
arme de guerre et de propagande redoutable. Le régime schizophrène
du général Moucharraf ne risque-t-il pas de connaître
le même sort que celui du maréchal Lon Nol en 1975
? Plus les bombardements se prolongent, et plus ils préparent
le terrain au « Khmères verts » du Pakistan.
En
attendant, les chrétiens pakistanais risquent de payer
le prix fort de cette guerre aérienne entre les islamistes
et l'armée américaine. Le soir de l'attentat du
28 octobre, le Père John Williams de Peshawar révélait
à la presse la lettre de menace adressée à
des écoles et à des congrégations chrétiennes
: « Chrétiens ! Après l'attaque américaine
vous avez fermé vos écoles. Si vous les rouvrez,
nous y déposerons des bombes. Ne prenez pas cet avertissement
pour de simples mots, nous ferons ce que nous disons. Inch Allah.
» Cette menace était signée une nouvelle fois
par le Jamiat Ulema-e-Islami.
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